27/2/2025
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IJSS 2025 : Réforme du 1er Avril 2025

Sacha
Sacha Kleynjans
Co-fondateur
Sommaire

Le ministère du Travail a officialisé sa décision : à partir du 1er avril 2025, le plafond de salaire pris en compte pour le calcul des indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS) en cas d’arrêt maladie passera de 1,8 SMIC à 1,4 SMIC.

Un changement qui risque de modifier les coûts de maintien de salaire et d’impacter les dispositifs de prévoyance.

Comment sont calculées les IJSS maladie ?

Les indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS) compensent partiellement la perte de salaire des salariés en arrêt maladie. Les IJSS sont calculées sur la base du revenu d’activité antérieur selon les règles suivantes :

  • Base de calcul : 50 % de la rémunération moyenne des trois derniers mois soumis à cotisation.
  • Plafond actuel : Calcul limité à 1,8 SMIC (soit 3 243,24 € brut mensuel).
  • Montant maximal : L’indemnité ne peut dépasser 53,31 € brut par jour.

Ce système garantit un revenu partiel pendant l’arrêt sans couvrir l’intégralité du salaire.

Source : Spartes

La réforme des IJSS 2025 : ce qui va changer

Avec la publication du décret, le plafond de calcul des indemnités journalières de sécurité sociale (IJSS) sera réduit à 1,4 SMIC contre 1,8 SMIC actuellement.

Ce nouveau plafond correspond à un salaire brut mensuel de 2 522,52 €, contre 3 243,24 € auparavant.

Concrètement, pour les salariés dont la rémunération dépasse ce montant, le calcul des IJSS sera limité à cette nouvelle base, entraînant ainsi une diminution des indemnités versées en cas d’arrêt maladie.

Salaire brut mensuel IJSS actuelle (1,8 SMIC) IJSS avec le nouveau plafond (1,4 SMIC) Écart à compenser
2 500 € 47,50 € par jour 41,47 € par jour 6,03 € par jour
3 000 € 53,31 € par jour 41,47 € par jour 11,84 € par jour
3 500 € 53,31 € par jour 41,47 € par jour 11,84 € par jour

Exemple d'impact de la réforme sur les IJSS pour les salariés

Un salarié percevant 3 000 € brut par mois voit actuellement ses IJSS calculées sur 50 % de son revenu plafonné à 1,8 SMIC, soit 53,31 € par jour.

Avec le passage au nouveau plafond fixé à 1,4 SMIC, l’indemnité journalière serait ramenée à 41,47 €, entraînant une perte de 11,84 € par jour.

Ce même écart s’applique également à un salaire de 3 500 € brut mensuel, car la base de calcul reste plafonnée.

Critère de calcul Avant la réforme (1,8 SMIC) Après la réforme (1,4 SMIC)
Salaire maximum pris en compte 3 243,24 € brut par mois 2 522,52 € brut par mois
Indemnité journalière maximale 53,31 € par jour 41,47 € par jour

Les impacts de la réforme du 1er avril 2025

1. Une augmentation des coûts de maintien de salaire pour les entreprises

Les employeurs devront compenser la différence entre les IJSS réduites et le salaire habituel des collaborateurs.

Cette réforme entraîne :

  • Une augmentation des coûts pour les salariés gagnant entre 1,4 et 1,8 SMIC, car la diminution des IJSS est plus marquée sur cette tranche.
  • Un écart à combler qui reste significatif pour les rémunérations supérieures, même si la baisse est plus progressive.
Source : Spartes.

2. Une révision des contrats de prévoyance

La réduction du plafond des IJSS à 1,4 SMIC n’impacte pas seulement les employeurs et les salariés, mais pose également des défis importants pour les organismes de prévoyance.

Avec cette réforme, ils devront adapter leurs dispositifs pour compenser la baisse des IJSS

Révision des barèmes d’indemnisation

Les organismes de prévoyance devront s’adapter en revoyant leurs barèmes afin de compenser la réduction des IJSS.

Risque d’augmentation des cotisations

Pour équilibrer cette nouvelle charge, il est probable que les assureurs procèdent à des ajustements de tarifs, entraînant une augmentation des cotisations pour les entreprises.

4 leviers pour limiter l’impact de la réforme des IJSS

Avec la réduction du plafond des IJSS à 1,4 SMIC, les entreprises vont devoir absorber une partie de cette baisse. Plutôt que de subir ces changements, voici 4 leviers concrets pour anticiper et limiter leur impact.

1. Mieux gérer les visites médicales pour limiter les arrêts longs

Un des enjeux financiers majeurs reste la gestion des arrêts longs (santé mentale, troubles musculo-squelettiques, etc.), qui pèsent lourdement sur la masse salariale.

Pour limiter leur impact :

  • Anticiper les risques en s’assurant du bon suivi des visites médicales professionnelles.
  • Détecter les signaux faibles en étant à l’écoute des collaborateurs à risque.
  • Agir en amont en mettant en place des politiques de prévention adaptées.

En adoptant une posture proactive, les entreprises peuvent réduire la durée et la fréquence des arrêts longs, et ainsi mieux maîtriser leurs coûts liés aux absences prolongées.

2. Optimiser le suivi des arrêts maladie pour éviter les pertes financières

Une mauvaise gestion des arrêts peut coûter cher, surtout avec la réforme.

Un suivi plus rigoureux permet de limiter les erreurs et d’optimiser les récupérations financières :

  • Vérifier le paramétrage des outils de paie pour s’assurer d’un bon calcul des IJSS et éviter des surpaiements.
  • Récupérer rigoureusement les IJSS subrogées afin d’éviter toute perte financière pour l’entreprise.
  • Assurer l’obtention des Indemnités Journalières de Prévoyance (IJP) en veillant à la bonne transmission des documents aux organismes concernés. (notion de calcul des ijp)

Un manque de vigilance sur ces points peut représenter des milliers d’euros perdus chaque année, en raison d’indemnités non récupérées ou mal gérées.

N.B : Des outils comme Klem simplifient la gestion des arrêts

3. Mieux encadrer les arrêts maladie avec des contrôles médicaux

Le recours aux contre-visites médicales permet de vérifier la justification des arrêts et de limiter les absences abusives. Cette approche, réalisée par des médecins contrôleurs, permet de :

  • Détecter les arrêts non justifiés et réduire leur durée.
  • Encourager un retour au travail plus rapide lorsque l’état du salarié le permet.
  • Envoyer un signal clair sur le suivi rigoureux des absences.

L’objectif n’est pas de sanctionner, mais de s’assurer d’une gestion optimisée des arrêts pour éviter les abus et mieux protéger les collaborateurs qui se situent dans une situation précaire.

4. Auditer vos contrats de prévoyance et ajuster vos garanties

Les organismes de prévoyance vont chercher à imposer des hausses de prix uniformes, sans tenir compte du degré auquel les entreprises sont impactées. Or, ce degré s'avère très variable, en fonction des salaires réels versés par l’entreprise. Il est essentiel de :

  • Verifier que le taux d’absentéisme et le niveau de salaire moyen de l’entreprise est bien adapté à la majoration demandée par votre assureur.
  • Vérifier le taux de remplacement actuel et l’écart avec la future base de calcul des IJSS.
  • Négocier les cotisations pour éviter une hausse brutale liée à l’absorption du manque à gagner.

Les DRH et responsables paie doivent échanger avec leurs courtiers ou assureurs pour ajuster ces couvertures avant l’entrée en vigueur de la réforme.

Pourquoi le gouvernement baisse-t-il le plafond des IJSS ?

Cette réforme vise à réduire les dépenses de la Sécurité sociale en encourageant les entreprises à mieux gérer les arrêts de travail et à réduire le taux d’absentéisme.

Cependant, cette mesure soulève des interrogations quant à la protection des salariés, en particulier ceux dont la rémunération se situe autour de 1,8 SMIC, qui seront les plus touchés par la baisse des IJSS.

Selon la Sécurité sociale, cette mesure permettrait de réaliser 600 millions d’euros d’économies annuelles.

Réforme IJSS 2025 : ce qu’il faut retenir

  • Dès le 1er avril 2025, le plafond des IJSS passe de 1,8 à 1,4 SMIC.
  • Les entreprises devront compenser la baisse des indemnités, entraînant une hausse des coûts de maintien de salaire.
  • Les contrats de prévoyance devront être revus pour garantir une couverture adaptée.